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 Combat au Clair de Lune

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Elthenarion
Nelson Monfaible
Elthenarion


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Combat au Clair de Lune Empty
MessageSujet: Combat au Clair de Lune   Combat au Clair de Lune Icon_minitimeJeu 11 Aoû - 8:27


En hiver, la nuit tombe vite. Heureusement, la neige amortit la chute. La seule chose alors qui retient les étoiles dans le ciel est la perspective horrible de tomber sur terre.
La terre. Et ses rotations a en donner la nausée. La terre et ses guerres, ses combats, la terre et son business, la terre et toute la vie qui grouille comme une fourmilière éternellement renouvelée. Enfin bref, la terre et ses humains.
Des humains, les étoiles n'ont que faire. Elles les guident dans la nuit, leur rendent leur regards quand ils les observent, mais restent toujours perchées. Là-haut. Comme d'inaccessibles princesses dans un donjon astronomique, attisant convoitise et curiosité de leur lueur fantasmagorique. Reine et mère de toutes ces princesses, c'est la lune qui trône dans le ciel comme dans son royaume, immense, poétique et pourtant tellement dénuée d'intérêt que s'y rendre briserait tout son mystère.

Car les étoiles et la lune n'ont de regard et de sens que si les humains, avec leurs guerres, et leurs famines, et leurs massacres les observent et les imaginent comme ils le veulent. Car leur majesté pure n'est que le reflet du désir de l'homme qui les scrute. Car toute la puissance de l'univers prend son essor dans cette lueur d'imagination, dans les yeux d'un enfant.

Paradoxe qu'est l'humain, c'est dans sa nature ambivalente que nait le bien comme le mal, la poésie comme la brutalité. Et paradoxe il y a car ces deux natures qu'il présente n'en sont en fait qu'une. Une seule et unique entité capable du meilleur comme du pire, capable de poésie dans la brutalité, capable de brutalité dans la poésie. Que dire alors des chants de guerre, des odes aux massacres, de l'art morbide? Quoi d'autre qu'ils ne sont que le reflet de l'Humain, avec un H aussi grand que le mystère de son être?

-

Le son de la pierre à aiguiser glissant sur le fil de la lame tranchait l'air ambiant d'une symphonie morbide. Le rythme régulier de ce son si unique revenait, régulier et imperturbable. Le son, tranchant l'air jusqu'au confins de la toute petit clairière, faisait vibrer les feuilles et les fleurs. Comme tremblantes devant la perspective du sang tâchant l'herbe verte en ces heures tardives de la nuit ou la lune donne aux bois des allures de lieu hanté. Tout y était d'une harmonie pure, le bruit apaisant du vent seulement coupé par le son de la pierre sur le métal. Le son d'un intrus. D'un esprit qui hantait le bois en cette heure sinistre.

Hanté, ce bois, il l'était par un esprit. Mais un esprit bien vivant. Trônant là, faisant glisser régulièrement la pierre sur la lame, assis sur une souche comme si il n'avait jamais vécu ailleurs. Le métal froid qu'il tenait dans ses mais avec une froide détermination, lui, n'avait rien à faire là. Mais celui qui le portait paraissait appartenir à la nature du même droit que les arbres et les feuilles qui la composaient.
Son regard était plus serein que celui de la lune, ses mains plus solides que les nœuds des arbres, ses cheveux volaient au vent comme les feuilles autour de lui. Et pourtant chaque étincelle qui jaillissait de sa lame promettait la destruction, comme mille flammèches capables à tout moment d'embraser la paisible foret. Comme la mort aiguisant sa faux, son regard serein, sous un certain angle, pouvait paraître aussi froid que le fil de sa lame.

Finalement satisfait, toujours avec le même calme résolu, il posa la pierre sur la souche et la laissa là. Comme permettant à ce roc de retourner à un stade d'innocence ou il n'était alors qu'une simple rocaille perdue quelque part dans un obscur recoin du monde minéral. Puis, il fit de l'air glacial sa première victime, alors que la lame, entrainée par son poignet souple, tranchait le vent en émettant un bruit imperceptible et pourtant étrangement harmonieux. Sur son visage, jeune et pourtant buriné par les aléas d'une vie qui justifiait une lame aiguisée, se fendit bientôt d'un sourire satisfait. Puis, toujours aussi tranquille, il se rassit sur la souche.

Il ferma alors les yeux, ouvrant son esprit aux infimes bruits de la foret. Il entendait les feuilles s'entrechoquer doucement, l'herbe se plier sous le vent, son écharpe longue glisser sur le cuir abimé de son manteau. Et alors, il se sentit bien.

Comme à chaque fois. Le calme avant la tempête. Mais la tempête ne venait jamais. Il n'y avait pas de colère, pas d'excitation à proprement parler pour l'emplir d'ardeur une fois le moment venu. Il n'y avait qu'un calme déterminé, une effrayante rationalité et une froideur cadavérique. Et, étrangement, tout cela le faisait se sentir plus vivant et plus humain à chaque fois. Il ressentait, bien sûr, la peur. L'envie de fuir. Le besoin de lâcher son arme, de courir, de ne plus jamais revenir et de vivre ses jours avec un travail plus normal, avec moins de danger. Un peu plus de sécurité de l'emploi, voilà quel était son rêve le plus fou.
Mais quelque part, derrière lui, une petite voix lui rappelait qu'il y avait fort à faire. Qu'il n'était pas le moment de courir mais le moment de combattre. Pas la voix flutée d'un petit ange ou la voix nasillarde d'un démon de poche, non. Une voix calme, tranchée, carrée. La voix raisonnable de la logique, de la détermination et de tous ces penchants inhumains qui prenaient le contrôle de ses bras alors qu'il dégainait son épée. Alors que quelque part, malgré son métier sombre, Lunargent était plus humain que bien des hommes.

Et pouvoir séparer son humanité était un don. Mais aussi, quelque part, une malédiction.

Finalement il entendit le bruit de l'herbe écrasée par de lourdes bottes. Il ouvrit les yeux, espérant un accès de rage, espérant une explosion de sentiments. Mais la tempête ne vint pas, et ne viendrait sans doute jamais.
Alors quand il empoigna son arme, ce fut avec la même ardeur tranquille qu'il le faisait toujours. Son rituel fut le même. Il resserra ses gants avec minutie, s'assurant que même le petit doigt soit bien placé au fond du cuir, pour éviter de glisser ou de rater sa prise. Il planta l'épée, la pointe dans le sol, d'un geste assuré, et il sourit en voyant son adversaire s'extirper d'un petit sentier qui tranchait la foret et d'où il n'émanait pas beaucoup de lumière. Souplement, il se défit de son manteau, de son écharpe, et attacha ses longs cheveux noirs à l'aide d'un petit ruban. Le gant glissa très légèrement dans la manœuvre. Quiconque aurait laissé la chose en état, tant ce fut de peu que le gant fut déplacé, mais pas Lunargent.
Il le replaça dans le gant chaque doigt avec précision. On ne plaisantait pas avec les règles qui assurent un tant soit peu de sécurité dans un combat. D'ailleurs, on ne plaisantait pas dans un combat. Sauf si c'était particulièrement drôle.
Lunargent se fendit d'un petit sourire qu'il essaya de réprimer en repensant à la blague du spadassin, des deux tabourets et de la grosse quantité de fromage fondu. La petit voix, qu'il avait surnommée Lunesombre, le rappela à l'ordre immédiatement.

" Arrêtes de rire. Tes gants? "
" Remis correctement. "
" Ta lame? "
" Aiguisée. Je pourrais laisser tomber une feuille sur le fil et elle serait tranchée en un instant, un peu comme dans cette démonstration qu'on a vue dans une foire, tu sais, c'était... "
" Non. Je ne m'en souviens pas. Pas maintenant. "
" Oui, pardon. "

Ses yeux se reportèrent sur l'homme qui se tenait à présent à quelques mètres de lui, et entreprenait maintenant de se préparer. Sa carrure impressionnante attirait de prime abord le regard. Un homme fort, sans doute capable à simple vue d'œil de tenir tête à un bœuf ou une bête de somme en matière de musculature. Il pouvait sans doute casser de l'os en deux avec une certaine facilité, observa Lunargent. Et si il eut envie de déglutir, Lunesombre ne le fit pas. Question d'image. Montrer sa peur dans un combat est un peu comme montrer qu'on sait écouter lors d'un récital. La seule chose qu'on y gagne est de passer pour un crétin.
Et si Lunargent pensait que passer pour un crétin pouvait parfois se montrer fort utile, Lunesombre n'était pas du même avis. Et pour l'instant, il n'y avait que l'un d'eux aux commandes, et celui-ci manquait cruellement d'humour, voire même de bonne humeur en général. Ce qui tombait plutôt bien, car l'heure n'était pas vraiment aux boutades.

La lune, seule lueur de la nuit à ces heures obscures, découvrit le visage du géant. Balafré comme une vieille falaise corrodée par les flots. Lunesombre compta les cicatrices qui ornaient son visage comme des trophées. Elles étaient au nombre de sept. Sept cicatrices sinistres a un endroit ou chaque coup aurait dû être fatal. Il aurait bien passé un peu plus de temps à scruter ces marques de valeur, mais la chose qui passa furtivement devant le visage de marbre de son adversaire attira plutôt son regard. Un long bâton de bois avec une pointe en fer qui luisait de façon malsaine sous la clarté lunaire. Les deux hommes se scrutèrent avec une attention minutieuse. Celle de celui qui ne veut pas mourir.

Les yeux vairons, l'un bleu, l'autre vert, de Lunesombre se plongèrent dans le regard brun du géant balafré. Ce dernier soutint son regard avec une expression étrange, mêlant le respect, la détermination et une pointe de regret. Doucement, sa lourde voix émit quelques sons concis.

" Mon nom est Karos. Que le meilleur gagne. "
Lunesombre et Lunargent lui répondirent de concert, fait qui ne tenait pas de l'incongru car ils parlaient par la même bouche. Leurs mains portèrent l'épée devant eux, en position de combat. Tout allait commencer. Et dans quelques instants, quelques minutes tout au plus, tout serait fini.

" Lunargent. Que le meilleur gagne. "

Les respirations de Karos et de Lunesombre se synchronisèrent bientôt et ils continuèrent de se scruter silencieusement, sans rien tenter, alors même que le combat avait bel et bien commencé. Pour un observateur extérieur, il aurait pu sembler que depuis les quelques mots prononcés avant, rien n'avait changé. Pourtant déjà l'esprit des deux hommes construisait milles plans qui tombaient en morceaux, créaient scénarios et simulations qui ne dépassaient pour l'instant pas le seuil de leur esprit. Les novices ont souvent l'impression qu'un combat est un acte nerveux, bestial, qui ne connait aucun silence, aucune pause et continue tant que l'un des deux adversaires peut respirer. Pourtant si cela est souvent vrai du pugilat, la perspective que représente l'arme tranchante d'un adversaire rend l'homme plus précautionneux. La mort était une camarade omniprésente. Lunesombre la savait là, près de lui, le suivant à chaque mouvement. Tué ou être tué. Il ne pouvait risquer sa vie, et pourtant il le ferait. Car a vaincre sans péril, dit-on, on triomphe sans gloire. Seulement, et cela Lunargent le fantasque le savait autant que le rationnel Lunesombre, il est impossible de triompher sans péril, tout comme on n'obtient que rarement un sentiment glorieux d'une victoire arrachée in extrémis à la mort. Car lorsqu'on parie sa vie, on ne combat pas seulement un adversaire, mais aussi la faucheuse et sa faux aiguisée, qui trône derrière le fer de celui que l'on à en face de soi.

Finalement, un mouvement ravagea le silence qui avait sacré la clairière quelques instants durant d'une aura de pureté. Le son du fer contre le fer affola un oiseau qui s'envola à tire d'ailes. Et le son recommença, et recommença encore, brisant le sacre de la nuit, brisant le secret de la lune.

Alors que la lance fondit sur lui, tranchante comme un bec acéré, Lunesombre la dévia d'un coup nonchalant. Il fit un pas de côté alors que déjà le géant bandait ses muscles pour faire tournoyer la hampe comme un beau diable. L'épéiste, plus agile, plongea soudain en une fente gracieuse. Le manche tournoyant de la lance vint heurter son épée a quelques centimètres de la peau de Kaos, et continua son mouvement dangereusement près du corps du spadassin. Lunesombre, toujours avec le même calme analytique, prit à profit sa position inconfortable pour tordre son dos en un angle improbable. Le bois l'effleura, arrachant au passage quelques petits bouts de tissu à sa chemise.
Les deux hommes bondirent ensuite hors de la mêlée.
Prenant l'initiative, le géant plongea de nouveau sa lance vers le torse, dénué de toute protection, de son adversaire, en un mouvement souple d'estoc. Remarquant in extrémis la trajectoire du coup, ce dernier empoigna son arme à deux mains en un balayage maladroit. Les deux armes s'entrechoquèrent un instant avant d'être violemment séparées. Lunesombre, incapable de subir toute l'étendue de la force de Karos, fut déséquilibré par le choc, et s'il ne tomba pas au sol, il tituba pendant un faible instant.
Ses avants bras vibraient et lui faisaient un mal de chien, après ce choc d'une puissance rare. Il fallait qu'il réagisse vite, devant tant de force, sans quoi il succomberait. Il se laissa finalement choir au sol alors que la lance, en un arc de cercle, manqua sa tête de quelques maigres centimètres. Bientôt, ce fut un autre estoc qui prit sa direction, alors que le coté désarmé de la hampe fut projeté au sol vers lui. Il roula habilement sur le coté, laissant la lance s'enfoncer de quelques centimètres dans l'herbe et la terre comme dans du beurre.
Ou encore comme elle l'aurait fait sans difficulté dans le crane d'un épéiste qui aurait réagi quelques instants plus tard.

Profitant de l'angle légèrement pentu de la clairière, Lunesombre tenta désespérément de rouler un peu plus loin pour avoir le temps de se relever. Karos reprit sa lance une nouvelle fois et se jeta à sa poursuite, décidé à en finir. Les pieds du spadassin trouvèrent appui, et en un mouvement sauvage, il bondit de ses quatre membres sur ses pieds, en une position précaire. La première chose qui le frappa fut le fait que Karos l'avait rattrapé très rapidement. Et la deuxième chose qui le frappa fut le fer de la lance. Ce dernier trancha quelques couches de chair au niveau de son épaule gauche alors qu'il n'aurait du que l'effleurer. Lunesombre sentit le sang gicler et la douleur lui fit perdre un court instant toute perception. Et alors que tout devenait soudain blanc, il moulina maladroitement son arme à l'endroit ou aurait du se trouver Karos. Et si cette dernière frappa la lance, ce ne fut que par pure chance.
Il reprit vite ses esprits, mourant littéralement d'envie d'en finir avec ce combat. Jusque là, aucun coup n'avait été réellement porté. Les deux adversaires se jaugèrent un nouvel instant. Le sang imbiba bientôt la manche gauche de la chemise de Lunesombre, alors que son bras devenait de plus en plus lourd.
Il prit une profonde respiration, tentant de faire abstraction de la douleur et de tout sentiment. Ce n'était pas le moment de se lancer dans un enchainement de Jurons Ad Lib-esques. Même si effectivement Lunargent, caché à l'intérieur, en réprimait fortement l'envie.

Cette fois, Lunesombre, raffermi dans ses positions, toujours déterminé, prit l'initiative. D'un bon habile, il feinta souplement, et quand la garde de Karos se tourna vers la gauche, son arme fondit à droite en une diagonale meurtrière vers son cou. La lance trouva la lame à mi chemin, mais ne sur exercer une réelle secousse sur l'épée: la feinte avait suffisamment secoué Karos pour qu'il soit très mal placé dans sa parade. Une nouvelle fois l'épéiste fondit sur sa proie. Prenant de l'assurance, il enchaina deux petites feintes, attaqua d'un coté, de l'autre, toujours avec la même souplesse, empêchant toute action de force de la part du géant, maintenant plus que gêné par la longueur de son arme dans un combat de courte portée. Et plus les instants passaient, plus il paraissait clair que chaque attaque arrivait d'un angle plus incongru et que l'immense lancier mettait toute sa force à rattraper le coup pour sauver sa vie.
Il tenta de bondir en arrière, mais Lunesombre le suivit avec un sourire, se fendant une nouvelle fois en avant, l'épée à deux doigts de percer. Karos voulut la repousser, mais ne fit que mouliner l'air alors que la lame n'était déjà plus là. Un instant leurs yeux se croisèrent alors que leurs respirations se faisaient haletantes, et que maintenant de lourdes gouttes de sueurs froides perlaient sur le front du balafré, s'immisçant dans ses cicatrices comme des rivières dans des sillons. Deux regards. Mêlant le respect, la détermination, et une pointe d'amertume. De regrets.

Soudain, le bras de l'épéiste forma un arc de cercle incongru. Les yeux de Karos s'écarquillèrent alors qu'il constata qu'il n'aurait pas le temps de parer le coup de sa lance. La panique put se lire dans son regard. Une peur de la mort digne et sombre à la fois. Alors, il lâcha son arme. Tenta de marchander sa vie au prix de son bras. Il projeta ce dernier vers son visage, comme un ultime rempart. Et puis, apeuré, attendant la douleur terrible, il ferma les yeux.
Pourtant, le bras gauche blessé de Lunesombre finit sa course sans encombre, sans rien trancher pour la simple et bonne raison qu'il n'avait jamais été armé. Mais le temps que Karos s'aperçoive que rien ne l'avait frappé, c'est le bras droit qui surgit soudain du flanc et trancha les veines d'un cou a présent découvert un faible instant, qui suffit à sceller une mort.

Le sang gicla sur l'herbe fraiche avec un sinistre son de vie qui s'éparpille sur le gazon. Celui qui était déjà un cadavre en sursis s'écrasa avec un bruit lourd sur le sol, alors qu'il perdait déjà le contrôle de ses membres.
Lunesombre ne lui jeta même pas un regard et retourna à sa souche, froid comme la nuit. Il retourna a son siège en haletant, et s'y laissa choir avec un soupir soulagé. Une fois de plus il échappait à la mort. Il sortit un petit chiffon de son sac et le passa en un mouvement souple sur sa lame pour essuyer le sang.
A coté de lui, le cadavre continuait de convulser en silence. Bientôt, une petite mare emplit le centre de la clairière, le rouge, noir dans la nuit, jurerait bientôt avec le vert, avec les oiseaux, les animaux. Un mort au milieu de la vie fourmillante, de la végétation luxuriante. Un mort.
Et un vivant. Comme toujours. L'un gagne, l'autre perd. Et bien souvent, trop souvent, le gagnant s'excuse. D'une expression étrange, mêlant le respect, l'amertume et un peu de regret.

Bientôt, la nuit terminerait son heure de règne, et tout reviendrait à la normale. Pourtant, la nuit suivante verrait un autre combat, un autre mort, un autre destin scellé par le fer. C'était ainsi qu'ils vivaient, tous, invariablement. Sans échappatoire d'une vie de combat, d'une vie de mort. D'une vie de danger. Et quand bien même ils pouvaient être poètes, artistes ou incroyablement intelligents, ils ne seraient à jamais que des Gladiateurs enchainés à la mort par le sceau du destin. Éternellement condamnés à se battre pour la clé qui les libèrerait enfin. Pour toujours, ils seraient des Gladiateurs seulement dédiés à servir un maitre. Demain, il devrait retourner chez le noble qui lui servait de maitre. Demain.
Il respira. Et puis, comme portant le poids du monde sur ses épaules, il reprit la route vers sa prison de marbre et de jardins luxuriants. La demeure de son maitre. Ses pieds trainèrent sur le gazon, laissant un cadavre gisant. Et il marcha.
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