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 [warhammer] Suidebert Agibeau

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G_malo
Citrouille à mèche
G_malo


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MessageSujet: [warhammer] Suidebert Agibeau   [warhammer] Suidebert Agibeau Icon_minitimeLun 24 Juil - 17:23





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Suidebert
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Les plus vieux souvenirs de Suidebert remontent respectivement à quatre et cinq ans. - Lui, jouant avec un enfant de son âge, des yeux verts comme les siens, des cheveux roux coiffés de façon féminine. - Son père Armand interrompant une discussion animée avec son oncle Phulbert à la découverte de plusieurs marques sur le corps de Suidebert.

"On a craint à l'époque qu'il s'agisse de la peste rouge. Ton père voulait t'enfermer pour pas que tu contamine le reste de la famille. Je lui ai proposé de t'enmener." Lui expliquait son oncle après quelques verres.

Du reste son enfance a été plutôt heureuse, l'oncle Phulbert n'avait ni femme ni enfant mais l'affectionnait autant que s'il eut été son propre fils. Plus encore, il lui offrit une éducation en le prenant très tôt comme apprenti. Lui-même apothicaire, il possédait plusieurs livres traitant d'herboristerie et s'en servait comme support d'apprentissage de la lecture. Il lui appris également les bases du marchandage en l'enmenant sur les marchés lors de ses apprivisionnements en matières premières dans un premier temps puis, lorsqu'il fut suffisamment âgé, en lui confiant ses propres listes de courses et une bourse trop légère pour obtenir les-dites marchandises à des prix honnêtes.

"Tes yeux c'est de ta mère, Éponine, que tu les tiens, des yeux verts comme ça y'en a pas par ici. Par contre pour tes cheveux et bien que ça ne saute pas aux yeux, ça vient de ton père. Y'a pas beaucoups de roux dans la famille, ça saute souvent des générations, mais il y'en a. Tiens, regarde moi par exemple, quand j'étais plus jeune, ils étaient pareils que les tiens. Avec le temps ils ont pas mal blondi et commencent à tirer sur le blanc..." Lorsqu'il en arrivait à ce niveau de confession, l'oncle Phulbert était en général déjà bien imbibé. "Tes parents... Ils en ont eu sept avant toi... Trois filles puis quat' garçons... à l'époque ta mère elle en faisait un par an... Chaque grossesse était plus difficile... Ça la fatiguait, tu sais qu'elle est originaire de Quenelle ? Là bas ils sont très pieux pour sûr, elle priait la Dame pour que ça cesse, qu'elle en aie plus d'autres." Là, Suidebert pouvait se permettre de remplir à nouveau le verre de son oncle qui n'était plus en état de remarquer son manège." Ça a marché trois années durant et puis elle est retombée enceinte... Et quelle grossesse ! Enfin... L'accouchement c'est cette fois très bien passé et t'es né. Tes parents t'aimaient tu sais... Mais la vie était dure pour eux, trop d'enfants à nourir et puis cette maladie qui arrivait comme un cheveux sur la soupe... Moi qui à Bordeleau n'avait pour seule compagnie que la bouteille... Tiens ! Ressère m'en encore un peu veux-tu... Une simple varicelle finalement... Une simple varicelle... Tes parents n'en ont plus eu d'aut' 'près toi... Je t'aime petit... t'es ma seule famille..."

[1528]
L'oncle vivait avec Suidebert dans le quartier portuaire de Bordeleau où il tenait sa boutique. C'est lorsqu'il eut atteint l'âge de onze ans en revenant d'une de ses courses que Suidebert vît pour la première fois l'un de ses frêres. Un grand gaillard, brun, le teint hallé à l'air campagnard. Il le prît pour un client conversant avec son oncle.

"... Ça se passe mal, ça se passe très mal. Elle souffre, la sage-femme ne sait pas quoi faire, lorsque je me suis mit en route elle pensait à quelques semaines tout au plus..." Remarquant Suidebert il s'interrompit, le dévisagea quelques instants, puis Phulbert, et revînt à Suidebert. "Hey ? T'as grandi, t'es presque un homme maintenant. Tu dois pas vraiment te souvenir de moi." Phulbert lui coupa la parole." On va fermer la boutique durant quelques semaines, ta mère est mourante, on va la voir. Le temps de préparer les affaires et de payer les services de la garde, on partira demain."

Après une semaine de voyage ils parvinrent à la ferme familiale à proximité de Derrevin. Le père, chatain claire, une force de la nature épuisée, le teint pâle et un air résigné retenant une profonde tristesse. Sa peau était parsemée ça et là de quelques marques blanches, la maladie, bénigne chez les enfants avait pour lui été particulièrement virulente. La mère, une chevelure noire de jais, des yeux émeraude difficiles à cerner, le teint hâlé, un peu moins de quarantes printemps, son ventre semblable à celui d'une femme dont la grocesse arrive à son terme. Une joie non feinte illumina brièvement son visage.

"Où est ma soeur ?" La question crédule avait fusé sans que Suidebert lui-même n'en connaisse la signification profonde. Armand répondit. "Voyons, on a marié les deux aînées, Élénaïde et Gwenda, avec des gars du village d'à côté, elles viennent régulièrement dire bonjour. Armelïne est encore à la ferme, elle est juste là. ARMÉLINE ! Viens par ici ! Viens saluer ton vieil oncle et ton frêre ! Ah et bien sur on a aussi les quatres garçons plus jeunes Hugues qu'est juste là, Jibeau, Bertrant et Émile mais ces trois là sont aux champs pour l'heure."

C'était tout. Les retrouvailles et présentations furent chaleureuses. Les liens familiaux renoués. Pour Suidebert ce fut comme rencontrer des cousins éloignés, la fatigue et la douleur l'empêchèrent lui et son oncle de passer du temps avec Éponine. Celle-ci mourût dans la semaine qui suivit de sa fausse-couche, un foetus hypertrophié et difforme. Veillée funèbre, enterrement.

"La boutique m'attend, je suis heureux qu'on ait pu se revoir."

[1535]
Suidebert ne revît plus sa famille. L'oncle Phulbert et lui reprirent leur vie. À mesure que la place de Suidebert basculait d'apprenti à celle d'artisan accompli, Phulbert se désengageait des affaires accordant à la boisson une place croissante. un soir, de retour de la taverne, il mourût d'une glissade le long des quais. Son neveu en fut très affecté, il organisa seul les funérailles auxquelles quelques amis furent conviés. Quelques semaines plus tard on lui passa une commande exceptionnelle, une drogue somnifère connue pour pouvoir être mélangé à l'alcool. Les commanditères étaient particulièrement exigeants en ce qui concerne le dosage, la qualité des ingrédients comme de la préparation. Le tout en grande quantité. Le contrat représentait une somme bienvenue après les dépenses liées aux funérailles. Encore éprouvé par la mort de celui qui avait été pour lui un père, Suidebert ne posa pas de question. Quelque jours plus tards, il y eut une rafle dans la taverne du quartier, les marins drogués furent enmenés de force à bord d'une embarcation qui n'ayant pas trouvé d'équipage consentant eut recours à des méthodes de recrutement plus expéditives. Dans le quartier, il était de notoriété publique à en juger par la destination de ce navire qu'aucun d'entre eux ne reviendrait. Certains avaient des familles et des proches au port. Et les rumeures coururent vite en ce qui concerne le récent profit de Suidebert. Rapidement méprisé, sa réputation ternie, il plia sous l'opprobe général, fit ses bagages et s'en alla. Il allait sans dire que quelques jours plus tards la rumeure plublique lui attribuerait la mort récente de son défunt oncle.

[1541]
Il partit en direction du sud, exerça un temps comme itinérand jusqu'à finalement se fixer dans la régions de Quenelle. Là-bas, ce qui n'était que des mythes et superstitions devenait une réalité palpable pour les autochtones. Réalité que Suidebert n'eut jamais l'occasion de constater autrement que par l'observation des rythes locaux. En outre les innégalités étaient telles que les notables représentaient la seule clientèle pouvant s'offrir ses services. Se faire un nom lui prit plusieurs années mais il finit néanmoins par percer et s'assurer des revenus décents.

"Les premières plaques sont apparues il y a quelques jours et ne partent pas, je multiplie pourtant les offrandes à la Dame et aux esprits de Loren..." Le visage du fonctionnaire était parsemée de plaques violacées. "C'est inquiétant, laissez-moi vous examiner (...) ça ressemble aux premiers symptômes de la variole pourpre. Je vais vous préparer un remède qui devrait vous renforcer et réduire la durée comme la force du mal ainsi qu'un ongant qui devrait limiter les cicactrices. Revenez demain de bonne heure et si vous le pouvez prenez contact avec un médecin."

Le lendemain matin Suidebert présenta à son client un sachet contenant une poudre blanche "à diluer dans un verre d'eau ou de bière légère", ainsi qu'un récipient contenant une mixture crémeuse, verdâtre et maldorante "à appliquer sur vos plaques".

"- C'est répugnant il est hors de question que je m'applique cette chose sur le visage.
- Comme vous voudrez mais d'ici 4/5 jours ces plaques se changeront en pustules, ça fera 4 couronnes pour aujourd'hui et une autre pour les prochaines doses.
- Allez au diable !
- Attendez, au moins ne grattez pas les pustules, laissez-les suinter le pue doit s'évacuer jusqu'à ce qu'elles sèchent. Vous aurez des marques mais nettement moins visibles que si..."

Le soir même Suidebert préparait ses affaires pour se retrouver dès le lendemain sur les routes. On raconte que 4 jours après son départ un avis de recherche avait été lancé à l'encontre du sorcier roux aux yeux de vipère qui aurait maudit et défiguré un honnête homme.

Suite à ce maleureux incident, les pérégrinations de Suidebert le menèrent à Merceaux Descloux, Parravon, Sanglac, Altdorf et finalement Middenheim où il finit par s'installer.
[1542]





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Armand
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[1522]
"La Dame t'a béni d'une projéniture nombreuse et forte aussi bien physiquement que moralement. Rassemble-les, tu auras peut-être la chance de la remercier concrètement." La Damoiselle descendit de son cheval, sa démarche était droite, presque militaire, son visage reflétait une autorité qui ne soufrirait aucune contrariété.
"Cert... Certainement, entrez." Armand fit signe à Bertrant et Émile qui s'occupaient du potager tout près de venir. La Damoiselle leur adressa un bref regard et leur commanda de rester.
"Non, ceux là ne m'intéressent pas". Il demanda à ses deux plus jeunes fils d'aller chercher leurs aînés au poulailler tandis qu'il conduisait la Damoiselle à l'intérieur.

Élénaïde et Gwenda assistaient Éponine en cuisine tandis qu'Arméline reprisait de vieux habits. À la vue de l'invitée, Éponine s'agenouilla insitant ses filles à en faire autant. Toutes s'exécutèrent.
"Je... Je vous en prie, prenez le temps de rester manger. Je prépare une tourte à la volaille avec des oeufs, quelques légumes et..." Avec douceur et fermeté, la Damoiselle lui coupa la parole tout en lui adressant un sourire reconnaissant.
"Je vous remercie mais c'est un tout autre présent que je viens prendre au nom de la Dame. Ces trois là ne m'intéressent pas non plus." La porte de la chambrée grinça tandis qu'une petite fille rousse aux yeux verts se faufilait par son entrebaillement.
"Clémence, tu as déjà fini ta sie...
- Je la prends Elle." Armand baissa la tête, résigné. Éponine s'assit lourdement sur une chaise tandis que Clémence se dirigeait vers la Damoiselle qui la prit dans ses bras. Les quatre garçons entrèrent. Les remarquant à peine la Damoiselle fixait Armand lui intimant d'en faire de même.
"Tu en as d'autres ?
- Vous avez vu tous mes enfants. Ma femme n'a connu que huit grossesses." Cette réponse sembla la troubler un instant. La Damoiselle chercha le regard d'Éponine mais celle-ci masquait son visage de ses mains, elle retenait visiblement ses sanglots.
"Bien, vous avez la juste bénédiction de la Dame pour votre don."
Sans plus de procès, la Damoiselle sortit de la maison avec l'enfant dans les bras et s'en reparti à cheval. Quelques minutes plus tard, des pleures provenant de la chambrée se firent entendre, le petit Suidebert venait de se réveiller.


"... À cet instant j'ai juste pensé à Éponine. Je ne pouvais pas..." Phulbert serra Armand dans ses bras. Les deux frêres étaient physiquement très dissemblables. Dix années les séparaient, l'aîné mesurait une tête et demi de moins que le second, l'alcool et plus de quarante ans avaient creusé de profondes rides sur son visage. D'un profil plutôt maigre, il portait une chevelure coiffée en queue de cheval à la mode Bordelaise ainsi qu'une moustache en guidon, toutes-deux d'un roux usé. Le cadet était au contraire une force de la nature, géant, épais comme un boeuf, les muscles forgés par les travaux physiques, ses habits étaient ceux d'un paysan ordinaire sans être pauvres pour autant. S'il n'avait pas les moyens d'aller chez le barbier fréquemment, il en profitait néanmoins pour se faire couper raz la chevelure comme la barbe qu'il avait du reste chatain claire. "... Arrête ça, je ne t'ai pas pardonné.
- Tu aurais pu au moins la laisser lui dire aurevoir !
- On ne savait pas exactement quand tu arriverais, et puis ce n'est pas plus mal qu'elle ait choisi ce matin pour enmener les enfants aux châtaignes. C'est déjà assez dûr comme ça.
- C'est dûr pour qui ? Pour toi ?
- Arrête ! T'as fait beaucoups pour nous, sans toi je ne sais pas où on en serait aujourd'hui mais ça ne te donne pas le droit de... enfin tu peux pas m'accuser de ça. On peut pas faire autrement si jamais la Damoiselle revient et apprend la vérité..." Armand s'interrompit lorsque Suidebert poussa la porte de la chambrée. "... Nous sommes peut-être déjà maudits.
- Une seconde, viens-là Suidebert, qu'est-ce que t'as sur le visage ?" L'enfant présentait une multitude de petites tâches rouges.
"Par la Dame ! Tu crois que c'est..." Armand était blême.
"On ne peut pas en être sûr.
- Il faut l'isoler. Tu te souviens ? La cave...
- Non, je vais l'enmener. Les symptômes ne se préciseront pas avant que j'ai atteint Bordeleau, je pourrai peut-être faire quelque chose. Il faut mettre de côté son linge et ses draps. Je te ferai savoir par courrier s'il est nécessaire de les brûler."







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Phulbert
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[1485]
"Je t'en prie, assied-toi, merci encore pour ton aide avec Germaine. Le p'tit Herbert est né comme un charme. Après toutes ces fausses-couches c'était innespéré."

En ce temps là la condition paysanne à Derrevin n'était pas si terrible. Comme Albert Agibeaut, beaucoups de fermiers étaient propriétaires de petites parcelles de terres, le seigneur fixait les prix mais les paysans étaient libres de vendre localement leurs marchandises moyennant une taxe. Les surplus étaient ensuite rachetés à très bas prix par le château, une part était alors stoquée, le reste exporté dans le reste de la Brettonie au bénéfice du châtelain qui avait à sa charge l'entretien et le financement des infrastructures telles que les routes. Dans l'ensemble ce système convenait aux fermiers, il leur assurait un revenu certes modeste mais convenable au regard de leur relative autosuffisance ainsi qu'un intéressement sur le rendement de leurs exploitations.

"Tu dois avoir le gosier aussi sec que tes vieux os. Hey ! Germaine, apporte nous le vin du p'tit père Guérand ! Pas le picrate, l'autre bouteille ! C'est pour le rebouteux !" La grosse voix d'Albert contrastait avec un profil assez sec. Six pieds de haut, de longs cheveux chatains claires en batailles, des allures déguingandées et un grand sourire dévoilant une dentition parfaite à l'exception de plusieurs dents manquantes lui donnait un air d'acteur incarnant un pirate. Ajoutez à cela de grands yeux bleus ainsi qu'une balaffre récente datant de la fête qui avait succédé à la naissance du petit dernier et vous aurez un tableau assez complet. "Alors dis-moi ce qui t'amène.
- Ton aîné, Phulbert. Ça devient de plus en plus difficile pour moi d'accomplir certaines tâches, j'ai besoin d'un apprenti." Celui que tout le monde appelaient simplement le rebouteux était un homme âgé d'une cinquantaines d'hivers, le teint olivâtre et la peau marquée par une vie aussi simple que modeste. Un oeil averti aurait pu déceler une cataracte naissante. "Je lui apprendrai les lettres et les chiffres. Je paierai pour sa nourriture et lorsqu'il sera en âge de travailler aux champs je vous le laisserai chaque fois que vous aurez besoin d'une paire de bras supplémentaire.
- Tu sais bien qu'on a pas les moyens de lui offrir un apprentissage, pourquoi tu nous propose ça ?
- Parce que ton fils est un dégourdi, qu'il a tout juste 5 ans et que c'est le meilleur moment pour commencer à lui apprendre des choses. En ville j'aurai pu trouver mieux et plus lucratif, mais le trajet est au dessus de mes moyens. Et puis tu sais ce qu'on raconte au sujet des peaux-vertes qui parcourent les routes de la région..." Germaine, une femme grassouillette aux formes généreuses mesurant une tête de moins que son mari arriva avec trois larges gobelets et une bouteille. Elle arborait une chevelure dorée tirant sur le roux vénitien, des yeux noisette, une peau pâle marquée de tâches de rousseur et un sourire ravi. À ses côté se tenait le jeune Phulbert, un gringalet qui avait pris la physionomie de son père mais qui du reste avait tout gardé de sa mère la dépassant même et de loin en ce qui concerne la rousseur.
"J'ai donné la têtée au p'tit lardon, il dort maintenant."  Elle rayonnait de bonheur. "Goulu comme il a été, on devrait être tranquilles un moment." Au père comme au rebouteux, elle servi le pinard à peine moins haut que le bord des gobelets. Au p'tit Phulbert elle offrit un fond haut du tiers qu'elle compléta de jus de raisin.
"Qu'est-ce que t'en pense petit ?" Demanda Albert avec sa grande gueule. "Ça te dirait de travailler pour le rebouteux ?"
- Euh... Je sais pas...
- C'est parfait ! Allez, t'inquiète pas p'tit gars. T'es toujours de la famille. Le rebouteux il est du coin, tu nous reverra presque tous les jours !"


Les années passèrent, l'apprentissage de la lecture n'était pas vraiment le fort de Phulbert - de toute façon il n'y avait pas de livres - en revanche il appris rapidement à reconnaitre les plantes de la région et leurs propriétés. La famille s'aggrandit d'un troisième fils, Armand, cadet de cinq ans d'Herbert. En parallèle, le paysage agronomique local changeait peu à peu. De nombreux agriculteurs se mirent à cultiver la vigne extrêmement rentable. Quelques uns rachetèrent les parcelles voisines afin de fusionner les exploitations augmentant encore leur rendement. Cette mâne nouvelle enrichît considérablement le châtelain qui ne fut pas en reste. Il annonça une taxe portant non pas sur l'hectar mais la parcelle afin de favoriser le phénomène. Pour étouffer les éventuelles contestations, il offrit aux mécontants de racheter leurs parcelles à bon prix en proposant aux paysans de continuer à travailler en tant qu'employés sur les terres dont il serait désormais le légitime propriétaire. À l'époque nombreux furent ceux qui acceptèrent sans penser à quel point la maneuvre se révélerait insidueuse sur le long terme. La région connût ainsi une embellie économique qui masqua l'envolé des prix des biens de consommations. Les habitants ne semblaient pas non plus concernés par les raids orcs qui frappaient les alentours en dépît de la sainte croisade et des milices qui parcouraient la contrée. Lorsque la seigneurerie décréta qu'afin de protéger l'excellence et l'image de qualité du vin du domaine, seuls le château et un nombre restreint de vignerons seraient autorisés à transformer la vigne il était déjà trop tard. Les propriétaires de vignobles étaient trop peu nombreux pour constituer une réelle opposition et le peu d'exploitations vivrières restantes étaient quant-à elles trop occupées à survivre économiquement pour s'en préocuper.

[1506]
"Je t'ai dit non." Une chevelure de jais, des yeux de jade, une peau hâlée et un visage candide. "C'est contraire à ce que dit la Dame. On se marie d'abord." Éponine du haut de ses quinze ans était une jeune fugueuse qui s'était éprise d'un milicien à peine plus âgé. Le groupe composé d'une dizaine de jeunes hommes était un de ces détâchements chargés de visiter les fermes des environs afin de ravitailler le gros des troupes originaires de Quenelle qui participaient à la croisade.
"Qu'est-ce que ça change qu'on soit mariés ou non, la Dame elle doit bien savoir ce qu'on représente l'un pour l'autre !
- Non ! Comment veux-tu qu'elle le sache si on a pas accompli le rituel ?"
- Fous-lui la paix." C'était la voix d'un des compagnons. "On te l'avait dit de pas l'embarquer. T'en es responsable mais si jamais tu la touche et qu'elle est pas d'accord moi et les autres on hésitera pas à prendre son parti.
- Écoute tes amis. " Le géant de plus de six pieds de haut, aux yeux clairs et à la voix de bariton n'était autre qu'Armand, le dernier de la fratrie après Herbert. "Je me suis dit qu'on avait peut-être mieux à proposer qu'une grange à la demoiselle." Le jeune homme raccompagna la fille.
Le lendemain les miliciens remercièrent la famille de son hospitalité et chargèrent les maigres provisions dont purent se défaire les Agibeauts. L'importun de la nuit précédente présenta ses excuses et annonça à la fille qu'aussi longtemps qu'il serait sous les armes, leur histoire ne pourrait se poursuivre. Ils partirent laissant aux bons soins de la famille la charge de cette nouvelle bouche à nourir.

En ce temps là Armand avait déjà vu passer dix-sept printemps, le père Albert était mort d'une cirrhose cinq ans plus tôt, Herbert qui en comptait vingt avait repris la ferme tandis que l'aîné mettait à profit son art afin de ramener quelques pistoles. Le rebouteux, incroyablement vieux vivait maintenant à la ferme. Presque aveugle et à peine capable de lire lui-même, il se mit en devoir d'apprendre à la jeune Éponine l'écriture. La vie s'était durcie mais la famille tenait bon lorsqu'ils furent victimes deux ans plus tard d'une épidémie qui balayait la région. Il s'agissait d'une variante de la peste rouge, moins virulente, plus lente, mais non moins mortelle. Elle emporta tous ceux qui en furent atteints la mère Germaine, le cadet Herbert et le rebouteux. Il fut décidé qu'Armand se marirait avec Éponine, qu'ensemble, ils reprendraient la gestion de la ferme tandis que Phulbert partirait exercer un temps à Bordeleau où il pourrait gagner davantage et ainsi contribuer à la survie financière de la famille.

[1508]
Les premières années à la ville furent compliquées mais Phulbert n'était pas sans ressources. Les premiers mois il travailla au dock au chargement / déchargement des navires de commerce ce qui lui permis dans un premier temps de vivre. Parfois il vendait l'une de ses préparations à des amis malades, il se constitua ainsi une première clientèle. Par chance il n'existait alors aucune réelle offre de soins pour les revenus modestes du quartier des docks si bien que les affaires de Phulbert ne tardèrent pas à fonctionner. Ses revenus lui permirent rapidement de louer une petite boutique.

Durant les neuf années qui suivirent les profits réalisés par Phulbert allèrent à la famille par le biais d'une correspondance qu'il entretenaît avec Éponine qui, seule, savait lire. Elle lui confiait un certain nombre de choses, les grossesses répétées, la fatigue, l'ardeur au travail dont faisait preuve Armand pour faire vivre la ferme. Des considération plus générales aussi. Après l'épidémie, beaucoup de familles se sont retrouvées endeuillées et les successions ne se sont que rarement déroulées proprement. Le château a profité de l'occasion pour s'approprier davantage de terres. Depuis, lentement mais surement, la misère s'installait dans la région à mesure que les salaires versés par la châtellerie stagnaient. Faisant partie de la poignée d'habitants vivant encore de leurs terres, les Agibeaux ne manquaient pas de nourriture. Du reste ce n'était pas avec les quelques pistoles tirées de la revente de leur production qu'ils pouvaient s'acquiter de leurs impôts. En ce point ils étaient entièrement dépendants de Phulbert. La situation n'était certes pas idylique mais au moins elle était stable.

[1516]
"La boutique m'attend, j'espère qu'on se reverra bientôt." À 37 ans, Phulbert se sentait à l'automne de sa vie. C'était la quatrième fois en neuf ans qu'il rendait visite en personne à la famille. Le trajet mettait à mal son dos mais il était heureux. Cela faisait trois ans qu'Éponine n'était pas retombée enceinte et elle ne s'était jamais porté aussi bien. C'était donc le coeur léger qu'il saluait son frêre avant son nouveau départ.

[1517]
Le ton des quelques lettres qu'il reçu par la suite se fit terriblement laconique si bien qu'une dizaine de mois à peine après son précédent départ il envisageait déjà de leur rendre une nouvelle visite lorsqu'il reçu ce message. "Merci pour les sous, ça nous aide vraiment. Je suis heureuse de t'annoncer la naissance de Clémence et Suidebert. L'accouchement s'est très bien passé et ils se portent comme un charme. Il n'est pas utile que tu revienne nous voir avant un moment. Éponine."

La correspondance des cinq années qui suivirent ne parla en substance que de banalités. En somme, à part leurs récurrents problèmes d'argent, tout allait pour le mieux et il n'y avait pas lieu de s'inquiéter. Tant que les enfants n'étaient pas en âge de contribuer, les travaux leur demanderaient bien trop de temps pour qu'ils puissent accueillir Phulbert convenablement. Il valait mieux qu'il ne rentre pas à Derrevin pour le moment.

[1522]
"Clémence a rejoint la Dame, tu dois venir chercher Suidebert. Vite." À l'approche de Derrevin, Phulbert fût surpris de constater à quel point la situation s'était dégradée en une poignée d'années. "Trop frêle pour travailler correctement qu'ils ont dit. Je vous en prie, une pièce pour faire vivre un ouvrier agricole désoeuvré." Suidebert lui aurait volontier offert quelques piastres si ça avait été le premier miséreux croisé sur la route mais il réservait le gros de ses économies à sa propre famille. L'automne était déjà là et l'été médiocre n'avait pas réparé les dégâts causés par le dernier hivers trop long et rigoureux qui avait dévoré la région. Phulbert remarquait que certaines parcelles avaient été durement touchées par une maladie. Dans ces vignobles, l'intégralité des pieds étaient dépourvus de feuilles, ils étaient à la fois secs et comme couverts d'une sorte de champignon qui dégageait une odeur nauséabonde. Inconsciemment, Phulbert se demandait si les parcelles éparses qui avaient été affectées par ce mal appartenaient au châtelain. L'entrée dans le bourg presque désert fut pire que tout. Des suppliciés étaient exposés à la vue de tous. S'attardant sur l'un d'entre eux Phulbert lu le crime qui lui était reproché : "A été vu par deux fois volant et dévorant des grappes appartenant à Sa Seigneurerie." L'homme devait être attaché au pilori depuis deux mois au moins, mort de faim, de froid, il manquait un pieds et une main au corps recouvert d'une mousse verdâtre et maladorante. Au moment de s'en détourner, Phulbert crût un bref instant voir le malheureux entrouvrir des yeux blancs tout en poussant un râle mais il n'eut pas le coeur de s'en assurer. Lorsqu'enfin il parvînt à la ferme, le contraste était saisissant. Certes, il s'agissait d'une exploitation modeste, mais elle se tenait telle un îlot d'abondance au milieux de la décrépitude environnante. Pourtant, ça et là des éléments trahissaient l'existence d'une lutte acharnée contre une entropie grandissante. La chaume avait été refaite récemment alors même que Phulbert avait participé à sa rénovation à peine vingt ans plus tôt. La clôture du poulailler était composée d'un assemblage de planches vermoulues qui en cotoyaient d'autres intallées visiblement depuis peu. La grange qui abritait un taureau de labour, une vache laitière et de temps à autres un veau, était en pareil chantier. Autour de la maison, des potagers de petites tailles avaient été aménagés. Plusieurs d'entre eux étaient innexploités ou bien les plants aveient été arrachés. Armand travaillait l'un d'entre eux. "Ah, c'est toi. Rentrons. Ne fais pas trop de bruit, le renardeau fait sa sieste". La chaumière était vide. "Éponine est aux chataignes avec les enfants en bordure de Châlon, j'espère qu'ils n'auront pas à subir l'orage", il ranima quelques braises dans la cheminée avant d'y ajouter plusieurs bûches. L'expression de son visage reflétait une profonde tristesse, l'inquiétude et... une certaine amertume.

Armand lui avait alors fait le récit de l'enlèvement, s'en était suivit une dispute à mots couverts à la suite de laquelle Phulbert reprit la route accompagné de Suidebert. Six nouvelles années s'écoulèrent tandis que son unique lien avec la ferme restait cette correspondance qu'il entretenait avec Éponine. De ce qu'il savait, elle était récemment retombée enceinte et les premiers mois s'étaient assez mal passés, dans la région on parlait d'un nombre important de fausses couches et complications, elle craignait qu'il en aille de même pour elle. D'après les calculs de Phulbert, elle devait en être à son sixième mois lorsque Hugues, l'aîné des garçons se présenta à lui.

[1528]
Entre-temps la situation dans la région s'était encore durcie, la misère aidant, d'anciens paysans s'étaient fait bandits et les routes que la croisade avait débarassé de la menace des peaux-vertes représentaient de nouveau un danger. Il fût difficile de trouver une diligence tant la région était désertée par les voyageurs. En chemin, Phulbert remarqua que les petits vignobles autrefois ravagés par la maladie avait été rattachés à des parcelles plus grandes et étaient de nouveau cultivés. Le long de la route on pouvait également apercevoir des chaumières abandonnées dans un état de délabrement avancé. Hugues lui expliqua que nombre de paysans dépossédés de leurs terres avaient fui ou tenté de fuire la région, en retour la Châtelerie avait fait valoir les dettes qu'ils avaient contracté au fil des ans et n'avaient pas su rembourser. Le sort réservé à ces hommes était les travaux forcés pour les uns, la pendaison pour les récidivistes. Ils demandèrent à descendre avant l'entré dans le bourg. "On le contournera, il y a des choses que Suidebert ne doit pas voir". À leur arrivée, un mot vînt à l'esprit de Phulbert : décrépie. La chaume paraissait vieille, vermoulue. La cloture du poulaillé avait été remise à neuf. En revanche, l'éternel chantier que représentait la grange semblait avoir été définitivement abandonné, on aurait dit que la vieille stucture de bois avait été laissée en l'état depuis des décennies. "Les bêtes sont mortes l'hivers dernier, elles avaient des difficultés à respirer, du pus leur sortait de l'anus, des yeux et de la gueule. On les a abattu, il n'y avait pas grand chose à faire. On a laissé le champs en jachère cette année. De toute façon depuis que le meunier a déserté, le grain était surtout destiné à la revente et le foin aux bêtes. Je ne sais pas ce que le paternel a l'intention d'en faire". Ils trouvèrent Armand assistant Éponine au lit.

Au cours des quelques semaines qui suivirent, Phulbert prêta main forte à Armand pour entreprendre divers travaux de la ferme. Puis une fausse-couche entraîna la mort d'Éponine. Phulbère aurait aimé pouvoir discuter avec elle une dernière fois mais la fièvre, la fatigue et les délires avaient rendu toute communication impossible. Au cours de la veillée funèbre, les deux frêres s'isolèrent et discutèrent longuement. La famille ne voulu pas enterrer le corps à Derrevin même mais au cimetière d'une bourgade voisine. Après quoi il fut temps pour Phulbère et Suidebert d'organiser leur retour.

"La boutique m'attend, je suis heureux qu'on ait pu se revoir.
- Écoute, tu n'as plus a m'envoyer d'argent. Les aînés travaillent désormais aux vignes voisines. Ça m'inquiète mais je leur dis d'être prudents, d'obéir aux ordres qui leurs sont imposés même s'ils paraissent injustes. Leur salaire nous permettront de garder la tête hors de l'eau. Avec la mort d'Éponine, je songe aussi à abandonner la ferme, c'est trop de travail. J'attends encore que les plus jeunes puisse gagner leur vie à leur tour puis on verra. Pas de dette, pas de chaîne, nous demeurons libres de quitter ces terres maudites. C'est peut-être ce que nous ferons. C'est pour Élénaïde et Gwenda que je me fais du souci, on les a marié trop vite."

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MessageSujet: Re: [warhammer] Suidebert Agibeau   [warhammer] Suidebert Agibeau Icon_minitimeLun 24 Juil - 17:38

Un personnage actuellement joué en campagne dans l'univers de warhammer. Le running gag, c'est qu'il s'agit probablement du seul personnage du groupe qui n'ait jusque là commis aucun crime mais les circonstances ont fait qu'en parallèle il n'a au cours de la campagne quitté aucune ville sans qu'un avis de recherche l'incriminant pour meurtre n'y ait été émis. Après pas mal de séances j'ai donc brodé ce bg relatant son passé en Brettonie auquel se sont ensuite greffé les histoires de sa famille. Le récit ne me plaît pas encore. Sur la forme je voulais en faire une succession de souvenirs issus de différents personnages ayant leur propres point de vue, au bout d'un moment je me suis rendu compte que cela rendait l'histoire confuse et j'ai mis un terme à ma rédaction. Maintenant j'ai seulement une flemme immense et bien trop de retard sur la rédaction de ma thèse pour m'y remettre. Armand aurait pu être davantage développé, le point de vue d'Éponine n'a pour l'instant tout bonnement pas fait l'ombre d'un effort de recherche et si la fin me satisfait, les enfants d'Armand ont eux aussi une histoire qui pourrait être racontée.

L'histoire a été inspirée par 2 / 3 références à Derrevin trouvées sur le net évoquant un seigneur local tourné vers Nurgle. Il y a beaucoup d'inventions sur la situation et il se peut qu'elles soient en contradiction avec certains éléments de l'univers. Toujours est-il que le MJ n'a pas émis de remarque.

édition : Toujours est-il que le MJ n'a pas émis de remarque => si une : TLDR.
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