Suivant l'exemple de Zokh, je commence par une petite mise en situation. Et je me sers à peu de choses prêt du même procédé. Donc, bon, c'est vrai que je plagie un peu sur les bords, dans le principe, mais bon, j'ai pas le droit?
"Ecoutez… C’est pas que je suis méchant, vous savez. Mais… Bon, pour tout vous dire, je suis pas vraiment… Enfin vous savez, quoi, humain.
Non, ne parlez pas, vous allez aggraver votre cas.
Pour tout vous dire, je suis membre d’une race rare. Très rare. Le Sikhraos, qu’on s’appelle. Peuple rare. Peuple guerrier, un brin. Peuple très porté sur la force, s’iou voulez mon avis.
J’suis pas vraiment un membre spécialement représentatif de ma race, pour tout vous dire. Vous auriez vu les autres, à la maison, là-bas ! Des tas de muscles, pour vos critères. Les plus grands vont dans les 2m30, vous savez, et ils ont la force de deux hommes ! Et pis vu qu’on vit quand même… ne bougez pas… dans une société très portée sur la puissance, j’dois vous dire que je suis assez peu considéré par la gent féminine de mon espèce. Ce qui se comprend. En fait, j’aurais probablement du être une fille. J’aurais pu faire de la magie, sans doute.
Oh, comprenez, hein, non pas que la magie soit réservée aux filles, mais c’a jamais été ma tasse de thé.
J’aurais pu être un bon shaman, sans doute. Mais je me voyais mal devenir un Arhoum. Les… comment vous appelez ca… comme des… grands prêtres ou des grands mages ? Oui, voila, ce genre. Et si vous voyez ce que je veux dire, enfin, façon de parler, y’a pas d’intérêt à se lancer dans quelque chose si on le fait pas jusqu’au bout.
Donc je suis devenu un guerrier, ce qui est relativement commun, je dois dire. Mais je me suis dit qu’avec un peu d’efforts, j’y arriverais. Enfin, on y arriverait. Ca me fait bizarre de pas parler au pluriel, à force. Oui, parce que je suis un on. Enfin le concept est peut-être un peu étrange. J’ai une jumelle. Oui, la jeune fille que vous avez vu tout à l’heure. D’ailleurs, faudrait lui rendre son poignard, si vous voulez mon avis. Enfin, bref, on était deux. Du coup on fait tout à deux. Je fais la taille, elle fait l’estoc. Elle mesure la farine, je casse les œufs. Elle prépare la tarte, je la mange. Enfin ce genre de choses, quoi. Héhé.
Et ca explique pourquoi tout à l’heure je vous ai paru si… incertain. Parce qu’elle n’était pas là. Poussez votre jambe. C’est une sorte de relation symbiotique, quoi… Si on fait quelque chose et qu’on veut le faire bien, bah… il faut le faire à deux, généralement.
Elle à tout un tas de théories sul’ sujet. Des trucs sur l’équilibre, tout ça… Pas moi. Je prends, il faut le dire, les choses comme elles sont. Je suis assez libre, et je me casse pas la tête a cherche ce qui me dépasse. Mais, comme vous avez pu le voir plus tôt, j’aime me battre. C’est un jeu. J’adore. Et je vis ma vie comme ça. Ca me suffit, v’voyez ?
Ne croyez pas, surtout, que je suis cruel, non, je suis plus… Sarcastique ? Irrévérencieux ? Un brin salaud sur les bords ? Oui, sans doute, sans doute. Ne parlez pas, je vous jure, pas maintenant. Cette situation, par exemple, m’amuse. Vous voyez comme une insulte peut dégénérer face à nous ? Imaginez la vie au quotidien !
Maintenant, je crois que je vais vous permettre de respirer un brin."
Rayri éteint sa pipe et, jetant un œil sur l’homme adossé au mur, il sourit. Oui, il aimait ça. Et alors ? C’était un excellent passe-temps !
Il le regarda. Et, attrapant le manche de sa vielle lance au bout cassé, il la retira de l’épaule de l’homme, abattu, qui gisait tel un mourant. Il empoigna ensuite le poignard de sa sœur et le tira de l’abdomen de la victime avant de lui offrir un dernier regard curieux dans les yeux. Rayri aimait observer la réaction des mourants, dans une sorte de curiosité malsaine. L’homme avait diverses blesssures aux bras, aux jambes, et maintenant que les armes étaient retirées, son sang se remettait à circuler dans ses plaies.
Il retourna la lance. Et il la planta, comme pour signer la fin de la partie. Il avait gagné, sans doute.
Lun 15 Déc - 23:54
