Malik Qadam-Fî-Al-Ra's avait toujours été un simple marchand de peu d’envergure se contentant de vivre du commerce entre les grandes villes du pays. La barbe empousierée et des rides plein le visage, on disait de lui qu’il avait fait son temps. Il avait toujours vécu seul, dans le désert, avec le soleil qui frappe fort sur la caboche. Il en était devenu fou, disaient ceux qui le conaissaient.
Mais aujourd’hui, tout allait changer. Il regarda avec un sourire carnassier l’etrange petit cube bleuté qui lui luisait dans la main et une lueur de folie lui emplit les yeux. Jamais il ne le lacherait, jamais il ne le donnerait a ces horribles marchands qui le détestaient. Non, c’était sa boite… Sa boite… Mais il comptait bien en faire profiter le plus de monde possible.
Malik rabattit un pan de sa tunique et reprit sa marche, tenant les rennes de son chameau a deux main. A Demain… Oui, demain… Il allait chambouler le monde entier grace a sa boite. Et au millier d’autres.
---------------------------------------------
Dans les saisons tardives de l’année, a Ankharra, la nuit tombe vite. Heureusement, le sable amortit la chute.
Dans la nuit de le ville, dans une rue mal famée ou les bruit des rires gras des uns étouffent les cris des autres, le bruit des claquettes sur les dalles se fait de plus en plus régulier.
Tout en habit noir, avec une grande cape flottante, un étrange personnage faisait son chemin au rythme de petits clac-clac sur les dalles. Quand soudain il s’arrète devant la porte d’un petit bar quelconque. La porte s’ouvrit et le personnage en cape rabattit sa capuche sur le visage pour ne pas être reconnu. Il s’avanca, pressé, dans le bar.
« Hé, Miloud ! Comment va ta femme ? »
Le personnage en cape s’ecarta un peu plus en faisant signe au perturbateur de se taire. Ca n'était rien de facile de se cacher en plein millieu de la population bavarde d'Ankharra dans laquelle tout le monde se conaissait: d'ailleurs, dans le pays, tout le monde s'apellait "Mon frère" ou "ma soeur". C'est un peu l'inceste national, quoi.
« Eh mais, Miloud, pourquoi tu t’caches ?! »
« Mais chuteuh ! Je suis en mission incognito ! »
Cela ne choqua personne qu’il utilise si naturellement un terme italien. Il pressa d’autant plus le pas qu’il savait parfaitement qu’il n’y aurait pas une seule personne qui ne le reconnaitrait pas. Enfin sauf Rachid*, le voisin d’en face du tailleur, qu’en avait un sérieux coup dans la cafetière.
Après avoir descendu l’escalier menant a la cave au son de la chanson « Miloud, Miloud, Miloud, Miloud », il stoppa nerveusement. Il leva la main et frappa : deux fois en haut, une fois fort, une fois faible, en haut fort, a gauche fort, et il chanta deux fois « la macareeeena ! ».
Un silence de plomb vint ponctuer son numero. Quand soudain la porte sembla s’entrouvrir, juste assez pour dévoiler un œil et la moitié d’une moustache dans la pénombre.
« Toi, étranger, que viens tu faire dans cet antre ? »
« Je viens en paix comme en destructeur et… Ouais, bon, Rachid, on est obligé de faire ca à chaque fois ? Ca fait trois fois que je sors depuis deux heures ! »
« Kestudi ? J’te connais pas, moi ! »
Le personnage en cape poussa un soupir de désespoir avant de repousser sa capuche.
« AH ! Miloud ! Et bah dis dont t’es franchement bon pour te déguiser, j’tavais pas r’connu ! »
« Ouais, bon écrase et laisse moi rentrer. Et le marchand ? Il… »
« Il bosse, Il bosse. N’empeche, c’est marrant tous ces petits cubes… »
La porte se referma en grincant.
------------------------------------
« NON, NON, NON, ET NON ! Vous allez me retrouver tout de suite cette affreux crétin qui s’amuse à répandre en ville ces… ces choses infâmes du démon ! »
Le roi Macharr’asth II tapa un grand coup sur la table. Décidément, la situation n’était plus vivable pour lui comme pour ses concitoyens. Lui qui d'habitude se montrait si pragmatique, si patient et si peu enclin a se lancer dans quelque action que ce soit en était vraiment a bout.
« Voila maintenant trois MOIS que je vous demande de remédier a ce problème et vous ne faites rien. Je VEUX et j’EXIGE que vous mettiez ce… ce Malik Je-ne-sais-quoi en PRISON ! Et que vous cessiez la diffusion de… de ces trucs ! »
Le roi désigna fébrilement le cube que le conseiller quarantenaire tenait présentement en main avec un intérêt rarement égalé. D'après ce qu'il savait, ces objets étaient fabriqués en masse par un homme nommé Malik. Et personne ne savait ou il était.
« Oui, majesté » Répondit le chef de la police royale. « J’ai déjà fait mander des éléments de chaque faction, et… et le grand exécutant devrait aller les brieffer demain, dans une taverne du centre, pour qu’ils… »
« JE ME MOQUE de ce que vous pouvez bien faire du moment que vous arrivez a des résultats. Mandatez qui vous voulez, mais débrouillez vous pour que cela cesse. Vous avez bien compris? »
Pendant ce temps, juste a coté du trone, le conseiller quarantenaire observait le cube de près avec grand interet.
« Mais faut avouer que c’est marrant ces p'tits cubes... »
Le conseiller le plus jeune lui jeta un regard sévère avant de lui donner un coup dans la main pour lui faire lâcher.
« Fais gaffe, c’est précisément fait pour que tu réagisse comme ça. »
Son ainé lui jeta un regard quelque peu irrité. Ca l’enervait naturellement que quelqu’un de plus jeune que lui ait raison. Quand le jeune homme tourna le dos, l'ainé en profita pour lui tirer la langue sans se géner.
----------------------------------
Le soleil abattait ses rayons sur la grande ville d’Ankharra après que la nuit soit finie. Et ce jour là, la majorité des rayons, faute d’excutions publiques, et de fait, de mourants a faire crever de chaud, semblaient se diriger vers une petite auberge du centre ville.
Deux jours plus tôt, tous avaient reçu la même missive, cachetée du roi, remise en main propre par leurs supérieurs hiérarchiques ou tout du moins ce qui y ressemblait le plus.
« Sur ordre de sa Grande majesté [Bla…Bla…Bla]
Les porteurs de cette missive devront se rendre en le jour du seizième du mois a l’auberge du Chameau Fringuant pour y recevoir les ordres du roi concernant une mission qui pourrait sauver la ville entière.
[Bla…Bla…Bla]
P.S. : De toute facon, on ne vous laisse pas le choix, venez sinon les gardes du palais viendront vous tuer, puis il vous démoliront la gueule. Cordialement, Noesbueno, Grand Exécutant (et éxécuteur, héhéhé) du roi.
P.S.2: Cette missive ne s'autodétruira pas dans 5 secondes. Du coup, il vous faudra la déchirer en tout petits morceaux.
D'aucuns se seraient posé des question sur l'auteur de cette missive, un homme suffisament tordu pour poser un rire par écrit. Il ne manquait plus que quelques points d'exclamations...